Depuis l’annonce, fin janvier 2025, de l’annulation d’un projet de sécurisation du port par la Région, un vent de gronde souffle sur le port. Les usagers, dépités mais pas résignés, n’ont pas manqué de réagir.
Dans le port du Conquet, par gros temps, la digue Sainte-Barbe ne suffit pas à sécuriser le plan d’eau. | OUEST-FRANCE
Par mauvais temps, il n’est pas rare de voir le port du Conquet (Finistère) subir les assauts dantesques de la mer. Si le spectacle est prisé par les curieux et photographes, pour les usagers du port, c’est tout autre chose.
La configuration du port, propriété de la Région Bretagne, laisse entrer de puissants et rapides courants qui viennent faire souffrir les infrastructures, navires et mouillages. Depuis trente ans, de nombreuses études et projets pour sécuriser le port sont tombés à l’eau.
« Il faut protéger les marins et les bateaux »
« C’est un vrai sujet, car on peut arriver à une houle de 2 à 3 m dans le port, détaille développe Jean-Michel Kérébel, adjoint au maire chargé du port. Mais l’équation n’est pas simple, à cause du classement de Kermorvan et du port. Il y a tellement de contraintes dans ces études, ce qui a poussé à l’annulation du dernier projet, qui proposait une digue de 50 m de large par 12 de haut. C’est un nouvel échec. Ce n’était pas beau mais en plus inefficace. »
L’élu fait référence à l’annonce, fin janvier 2025, par Fortuné Pellicano, président du conseil portuaire du Conquet, de l’annulation d’un projet de sécurisation du port par la Région. « Il faut continuer à travailler le sujet, pour protéger les marins et les bateaux, reprend Jean-Michel Kérébel. Le projet en arrière-port, peut être une solution. Sans notre port de pêche, nous sommes une station balnéaire : on y perdrait notre identité. »
« On veut juste un port normal »
Pour Erwan Floch, pêcheur professionnel, la proposition de déplacer les navires dans d’autres ports en cas de
tempête n’est pas satisfaisante. Partir à Brest ou Lanildut pour se protéger, c’est désolant. On veut
juste un port normal, qui offre une vraie protection. Combien de navires se sont déjà décrochés. Le pire, c’est à l’embarquement des marins et le déchargement du poisson. Même sans tempête, c’est
dangereux dès qu’il y a de la houle !
Le pêcheur pense également à l’avenir : « On veut de la clarté pour nos jeunes. J’ai mon gamin qui va prendre ma suite. On se demande si ce n’est pas une volonté politique de laisser le ver dans la pomme. Tant qu’il n’y aura pas une vraie digue, le problème ne sera pas résolu. »
Du côté des plaisanciers, le dépit est partagé. Ils dénoncent trente ans d’études coûteuses, en pure perte. On note également que le fond du problème réside sans doute dans
l’investissement onéreux prévu à Brest.
Chiffrée à 28 millions d’euros, la future gare maritime de Brest reste un choix incompréhensible
pour les usagers du port. Du Conquet, le transport des passagers représente 88 % du trafic
pour la Penn Ar Bed, avec 0 € de budget. Mais Brest, avec ses 12 % du trafic, récupère 28 millions !
La Région réfléchit maintenant à aménager l’arrière-port, avec des pontons lourds pour les navires de pêche. « Se replier derrière la cale Saint-Christophe, c’est revenir au XIXe siècle, persiflent ces plaisanciers. On va encore nous dire, après plusieurs années d’études, que ce ne sera pas possible car le port est classé d’intérêt patrimonial. »
Les plaisanciers réclament « depuis 1995 un port en eau profonde pouvant accueillir une cinquantaine de navires avec des emplacements visiteurs. Aujourd’hui, faute d’accueil, ils vont souvent à Camaret. Nous appelons au prolongement et renforcement de la digue Sainte-Barbe, avec un enrochement partant de Kermorvan pour casser la grosse houle . »
Contactée, la compagnie maritime Penn Ar Bed n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet de l’annulation du projet de la digue.